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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/402

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et qui leur peut être fort utile : mais parce qu’elle les, incommoderait, si elle se mêlait de leurs affaires, et si elle demeurait auprès d’eux à régler leurs passions, ils l’ont envoyée dans le ciel arranger des planètes, et en mesurer les mouvemens ; ou bien ils la promènent sur la terre, pour lui faire examiner tout ce qu’ils y voient. Enfin, ils l’occupent toujours le plus loin d’eux qu’il leur est possible. Cependant, comme ils veulent être philosophes à bon marché, ils ont l’adresse d’étendre ce nom et ils le donnent le plus souvent à ceux qui font la recherche des causes naturelles.

ARISTOTE.

Et quel nom plus convenable leur peut-on donner ?

ANACRÉON.

La philosophie n’a affaire qu’aux hommes, et nullement au reste de l’univers. L’astronome pense aux astres, le physicien pense à la nature, et le philosophe pense à soi. Mais qui eût voulu l’être à une condition si dure ? hélas ! presque personne. On a donc dispensé les philosophes d’être philosophes, et on s’est contenté qu’ils fussent astronomes ou physiciens. Pour moi, je n’ai point été d’humeur a m’engager dans les spéculations ; mais je suis sûr qu’il y a moins de philosophie dans beaucoup de livres qui font profession d’en parler que dans quelques unes de ces chansonnettes que vous méprisez tant : dans celle-ci, par exemple.

Si l’or prolongeait la vie,
Je n’aurais point d’autre envie
Que d’amasser bien de l’or ;
La Mort me rendant visite,
Je la renverrais bien vite,
En lui donnant mon trésor.