Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/429

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait les philosophes l’un et l’autre pendant votre vie, que vous vous étiez engagés d’honneur à ne craindre point la mort ; et s’il vous eût été permis de la craindre, je ne sais ce qui en fût arrivé. Mais moi, tant que la tempête dura, j’étais en droit de trembler, et de pousser des cris jusqu’au ciel, sans que personne y trouvât à redire, ni m’en estimât moins ; cependant je demeurai assez tranquille pour faire mon épitaphe.

ADRIEN.

Entre nous, l’épitaphe ne fut-elle point faite sur la terre ?

MARGUERITE d’AUTRICHE.

Ah ! cette chicane là est de mauvaise grâce : je ne vous en ai pas fait de pareille sur vos vers.

ADRIEN.

Je me rends donc de bonne foi, et j’avoue que la vertu est bien grande quand elle ne passe point les bornes de la nature.


DIALOGUE V.

ÉRASISTRATE, HERVÉ


ÉRASISTRATE.

Vous m’apprenez des choses merveilleuses. Quoi ! le sang circule dans le corps ! les veines le portent des extrémités au cœur, et il sort du cœur pour entrer dans les artères, qui le reportent vers les extrémités ?

HERVÉ.

J’en ai fait voir tant d’expériences, que personne n’en doute plus.

ÉRASISTRATE.

Nous nous trompions donc bien, nous autres méde-