Aller au contenu

Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cins de l’antiquité, qui croyons que le sang n’avait qu’un mouvement très lent du cœur vers les extrémités du corps, et on vous est bien obligé d’avoir aboli cette vieille erreur !

HERVÉ.

Je le prétends ainsi, et même on doit m’avoir d’autant plus d’obligation, que c’est moi qui ai mis les gens en train de faire toutes ces belles découvertes qu’on fait aujourd’hui dans l’anatomie. Depuis que j’ai eu trouvé une fois la circulation du sang, c’est à qui trouvera un nouveau conduit, un nouveau canal, un nouveau réservoir. Il semble qu’on ait refondu tout l’homme. Voyez combien notre médecine moderne doit avoir d’avantage sur la vôtre. Vous vous mêliez de guérir le corps humain, et le corps humain ne vous était seulement pas connu.

ÉRASISTRATE.

J’avoue que les modernes sont meilleurs physiciens que nous ; ils connaissent mieux la nature : mais ils ne sont pas meilleurs médecins ; nous guérissions les malades aussi bien qu’ils les guérissent. J’aurais bien voulu donner à tous ces modernes, et à vous tout le premier, le prince Antiochus à guérir de sa fièvre quarte. Vous savez comme je m’y pris, et comme je découvris par son pouls qui s’émut plus qu’à l’ordinaire en la présence de Stratonice, qu’il était amoureux de cette belle reine, et que tout son mal venait de la violence qu’il se faisait pour cacher sa passion. Cependant je fis une cure aussi difficile et aussi considérable que celle là, sans savoir que le sang circulât ; et je crois qu’avec tout le secours que cette connaissance eut pu vous donner, vous eussiez été fort embarrassé en ma place. Il