Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/458

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ces fadaises sont fort bien reçues, parce qu’on croit qu’elles mènent à la connaissance de l’avenir.

JEANNE DE NAPLES.

Quoi ! n’y mènent-elles pas en effet ? Je trouve bon que vous, qui avez été mon astrologue, vous me disiez du mal de l’astrologie !

ANSELME.

Écoutez, un mort ne voudrait pas mentir. Franchement, je vous trompais avec cette astrologie que vous estimez tant.

JEANNE DE NAPLES.

Oh ! je ne vous en crois pas vous-même. Comment m’eussiez-vous prédit que je devais me marier quatre fois ? Y avait-il la moindre apparence qu’une personne un peu raisonnable s’engageât quatre fois de suite dans le mariage ? Il fallait bien que vous eussiez lu cela dans les cieux.

ANSELME.

Je les consultai beaucoup moins que vos inclinations : mais après tout, quelques prophéties qui réussissent ne prouvent rien. Voulez-vous que je vous mène à un mort qui vous contera une histoire assez plaisante ? Il était astrologue, et ne croyait non plus que moi à l’astrologie. Cependant, pour essayer s’il y avait quelque chose de sûr dans son art, il mit un jour tous ses soins à bien observer les règles, et prédit à quelqu’un des événemens particuliers, plus difficiles à deviner que vos quatre mariages. Tout ce qu’il avait prédit arriva. Il ne fut jamais plus étonné. Il alla revoir aussitôt tous les calculs astronomiques, qui avaient été le fondement de ses prédictions. Savez-vous ce qu’il trouva ? Il s’était