Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/74

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Si avant que de donner son livre, Newton avait su cela, soit par quelque ouvrage d’un autre, soit par sa seule pénétration, qui sans doute allait au plus haut point, il n’aurait fait, quant à l’essentiel, que changer le nom de force centrifuge en celui d’attraction, et masquer un système connu pour le produire comme nouveau. Mais il n’est pas apparent qu’un aussi grand homme ait été capable de tant d’adresse. On peut fort bien ne pas s’apercevoir que la règle de Képler tire son origine d’un certain degré de mouvement précis imprimé à tout le système solaire, unique entre une infinité d’autres également possibles, et qu’il faut de plus qu’il y ait équilibre, et équilibre très durable, non entre les planètes de ce système, mais entre des couches sphériques qui les contiendront, ainsi qu’il a été prouvé dans la théorie (30). Encore une chose qui pouvait empêcher Newton de donner dans ces idées, c’est que ces couches demandent le plein, et lui était persuadé du vide. Quoi qu’il en soit, il est de fait qu’il a vu la contestation assez échauffée entre ses sectateurs et les Cartésiens ; qu’ils y ont mis en avant l’équilibre, point très important et nouveau, et qu’il a toujours été spectateur tranquille de tout, sans y prendre aucune part.


XIII.

Venons au plein, qui n’a été que supposé dans notre Théorie.

Certainement il n’y a guère d’idée en nous plus ancienne que celle du vide : tous les enfans l’imaginent partout où ils ne voient rien, et une infinité d’hommes pensent à peu près de même toute leur vie. Selon