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femme aimable ne prouve rien, ou presque rien, en faveur de celui sur qui il tombe. Il me semble que ces raisons là devraient faire des amans discrets.

CANDAULE.

Je vous déclare que les femmes ne voudraient point d’une discrétion de cette espèce, qui ne serait fondée que sur ce qu’on ne se ferait pas un grand honneur de leur amour.

GIGÈS.

Ne suffit-il pas de s’en faire un plaisir extrême ? La tendresse profitera de ce que j’ôterai à la vanité.

CANDAULE.

Non, elles n’accepteraient pas ce parti.

GIGÈS.

Mais songez que l’honneur gâte tout cet amour, dès qu’il y entre. D’abord, c’est l’honneur des femmes qui est contraire auv intérêts des amans ; et puis, du débris de cet honneur-là, les amans s’en composent un autre, qui est fort contraire aux intérêts des femmes. Voilà ce que c’est que d’avoir mis l’honneur d’une partie dont il ne devait point être.


DIALOGUE IV.

HÉLÈNE, FULVIE.


HÉLÈNE.

Il faut que je sache de vous, Fulvie, une chose qu’Auguste m’a dite depuis peu. Est-il vrai que vous conçûtes pour lui quelque inclination ; mais que comme il n’y répondit pas, vous excitâtes votre mari Marc-Antoine à lui faire la guerre ?