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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome IV, 1825.djvu/79

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DIALOGUE VI.

FERNAND CORTEZ, MONTÉZUME.


FERNAND CORTEZ.

Avouez la vérité. Vous étiez bien grossiers, vous autres Américains, quand vous preniez les Espagnols pour des hommes descendus de la sphère du feu, parce qu’ils avaient du canon, et quand leurs navires vous paraissaient de grands oiseaux qui volaient sur la mer.

MONTÉZUME.

J’en tombe d’accord. Mais je veux vous demander si c’était un peuple poli que les Athéniens.

FERNAND CORTEZ.

Comment ! ce sont eux qui ont enseigné la politesse au reste des hommes.

MONTÉZUME.

Et que dites-vous de la manière dont se servit le tyran Pisistrate pour rentrer dans la citadelle d’Athènes, d’où il avait été chassé ? N’habilla-t-il pas une femme en Minerve (car on dit que Minerve était la déesse qui protégeait Athènes) ? Ne monta-t-il pas sur un chariot avec cette déesse de sa façon, qui traversa toute la ville avec lui, en le tenant par la main, et en criant aux Athéniens : « Voici Pisistrate que je vous amène, et que je vous ordonne de recevoir ? » Et ce peuple, si habile et si spirituel, ne se soumit-il pas à ce tyran, pour plaire à Minerve, qui s’en était expliquée de sa propre bouche ?