Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/102

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On est bien embarrassé à le dire. On avoit toujours cru que c’étoit un feu très pur ; mais on s’en désabusa au commencement de ce siècle, qu’on aperçut des taches sur sa surface. Comme on avoit découvert, peu de temps auparavant, de nouvelles planètes, dont je vous parlerai, que tout le monde philosophe n’avoit l’esprit rempli d’autre chose, et qu’enfin les nouvelles planètes s’étoient mises à la mode, on jugea aussitôt que ces taches en étaient, qu’elles avoient un mouvement autour du Soleil, et qu’elles nous en cachoient nécessairement quelque partie, en tournant leur moitié obscure vers nous. Déjà les savants faisoient leur cour de ces prétendues planètes aux princes de l’Europe. Les uns leur donnoient le nom d’un prince, les autres d’un autre, et peut-être il y auroit eu querelle entre eux à qui seroit demeuré le maître des taches pour les nommer comme il eût voulu.

Je ne trouve point cela bon, interrompit la Marquise. Vous me disiez l’autre jour qu’on avoit donné aux différentes parties de la Lune des noms de savants et d’astronomes, et j’en étois fort contente. Puisque les princes prennent pour eux la Terre, il est juste que les savants se réservent le ciel, et y dominent, mais ils n’en devroient point permettre l’entrée à d’autres. Souffrez, répondis-je, qu’ils puissent, du moins en cas de besoin,