Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/110

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dans cette liqueur, composée de deux liqueurs qui ne se mêlent point, deux corps inégalement pesants se mettent naturellement à deux places différentes, et jamais l’un ne montera, ni l’autre ne descendra. Qu’on mette encore d’autres liqueurs qui se tiennent séparées, et qu’on y plonge d’autres corps, il arrivera la même chose. Représentez-vous que la matière céleste, qui remplit ce grand tourbillon, a différentes couches qui s’enveloppent les unes les autres, et dont les pesanteurs sont différentes, comme celles de l’huile et de l’eau, et des autres liqueurs. Les planètes ont aussi différentes pesanteurs, chacune d’elles par conséquent s’arrête dans la couche qui a précisément la force nécessaire pour la soutenir, et qui lui fait équilibre, et vous voyez bien qu’il n’est pas possible qu’elle en sorte jamais.

Je conçois, dit la Marquise, que ces pesanteurs-là règlent fort bien les rangs. Plût à Dieu qu’il y eût quelque chose de pareil qui les réglât parmi nous, et qui fixât les gens dans les places qui leur sont naturellement convenables ! Me voilà fort en repos du côté de Jupiter. Je suis bien aise qu’il nous laisse dans notre petit tourbillon avec notre Lune unique. Je suis d’humeur à me borner aisément, et je ne lui envie point les quatre qu’il a.

Vous auriez tort de les lui envier,