Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/116

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Colombs ne sauroient manquer d’emploi. Il faut que les peuples de ce monde-là ne connoissent pas seulement de réputation la centième partie des autres peuples ; au lieu que dans Mercure, qui est fort petit, ils sont tous voisins les uns des autres ; ils vivent familièrement ensemble, et ne comptent que pour une promenade de faire le tour de leur monde. Si on ne nous voit point dans Jupiter, vous jugez bien qu’on y voit encore moins Vénus, qui est plus éloignée de lui, et encore moins Mercure qui est et plus petit et plus éloigné. En récompense ses habitants voient leurs quatre lunes, et Saturne avec les siennes, et Mars. Voilà assez de planètes pour embarrasser ceux d’entre eux qui sont astronomes ; la nature a eu la bonté de leur cacher ce qui en reste dans l’univers.

Quoi, dit la Marquise, vous comptez cela pour une grâce ? Sans doute, répondis-je. Il y a dans tout ce grand tourbillon seize planètes. La nature, qui veut nous épargner la peine d’étudier tous leurs mouvements, ne nous en montre que sept, n’est-ce pas là une assez grande faveur ? Mais nous, qui n’en sentons pas le prix, nous faisons si bien que nous attrapons les neuf autres qui avoient été cachées ; aussi en sommes-nous punis par les grands travaux que l’astronomie demande présentement.