Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/117

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Je vois, reprit-elle, par ce nombre de seize planètes qu’il faut que Saturne ait cinq lunes. Il les a aussi, répliquai-je, et avec d’autant plus de justice que, comme il tourne en trente ans autour du Soleil, il a des pays où la nuit dure quinze ans, par la même raison que sur la Terre qui tourne en un an, il y a des nuits de six mois sous les pôles. Mais Saturne étant deux fois plus éloigné du Soleil que Jupiter, et par conséquent dix fois plus que nous, ses cinq lunes, si faiblement éclairées, lui donneraient-elles assez de lumière pendant ses nuits ? Non, il a encore une ressource singulière et unique dans tout l’univers connu. C’est un grand cercle - et un grand anneau assez large qui l’environne -, et qui étant assez élevé pour être presque entièrement hors de l’ombre du corps de cette planète, réfléchit la lumière du Soleil dans des lieux qui ne la voient point, et la réfléchit de plus près, et avec plus de force que toutes les cinq lunes, parce qu’il est moins élevé que la plus basse.

En vérité, dit la Marquise, de l’air d’une personne qui rentroit en elle-même avec étonnement, tout cela est d’un grand ordre ; il paraît bien que la nature a eu en vue les besoins de quelques êtres vivants, et que la distribution des lunes n’a pas été faite au hasard. Il n’en est tombé en partage qu’aux planètes éloignées du