Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/118

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Soleil, à la Terre, Jupiter, à Saturne ; car ce n’étoit pas la peine d’en donner à Vénus et à Mercure, qui ne reçoivent que trop de lumière, dont les nuits sont fort courtes, et qui les comptent apparemment pour de plus grands bienfaits de la nature que leurs jours mêmes. Mais attendez, il me semble que Mars qui est encore plus éloigné du Soleil que la Terre, n’a point de Lune. On ne peut pas vous le dissimuler, répondis-je. Il n’en a point, et il faut qu’il ait pour ses nuits des ressources que nous ne savons pas. Vous avez vu des phosphores, de ces matières liquides ou sèches, qui, en recevant la lumière du Soleil, s’en imbibent et s’en pénètrent, et ensuite jettent un assez grand éclat dans l’obscurité. Peut-être Mars a-t-il de grands rochers fort élevés, qui sont des phosphores naturels, et qui prennent pendant le jour une provision de lumière qu’ils rendent pendant la nuit. Vous ne sauriez nier que ce ne fût un spectacle assez agréable de voir tous ces rochers s’allumer de toutes parts dès que le Soleil seroit couché, et faire sans aucun art des illuminations magnifiques, qui ne pourroient incommoder par leur chaleur. Vous savez encore qu’il y a en Amérique des oiseaux qui sont si lumineux dans les ténèbres qu’on s’en peut servir pour lire. Que savons-nous si Mars n’a point un grand nombre de ces oiseaux qui,