Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/119

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

dès que la nuit est venue, se dispersent de tous côtés, et vont répandre un nouveau Jour ?

Je ne me contente, reprit-elle, ni de vos rochers, ni de vos oiseaux. Cela ne laisseroit pas d’être joli ; mais, puisque la nature a donné tant de lunes à Saturne et à Jupiter, c’est une marque qu’il faut des lunes. J’eusse été bien aise que tous les mondes éloignés du Soleil en eussent eu, si Mars ne nous fut point venu faire une exception désagréable. Ah ! vraiment, répliquai-je, si vous vous mêliez de philosophie plus que vous ne faites, il faudroit bien que vous vous accoutumassiez à voir des exceptions dans les meilleurs systèmes. Il y a toujours quelque chose qui y convient le plus juste du monde, et puis quelque chose aussi qu’on y fait convenir comme on peut, ou qu’on laisse là, si on désespère d’en pouvoir venir à bout. Usons-en de même pour Mars, puisqu’il ne nous est point favorable, et ne parlons point de lui. Nous serions bien étonnés, si nous étions dans Saturne, de voir sur nos têtes pendant la nuit ce grand anneau qui iroit en forme de demi-cercle d’un bout à l’autre de l’horizon, et qui, nous renvoyant la lumière du soleil, feroit l’effet d’une lune continue. Et ne mettrons-nous point d’habitants dans ce grand anneau ? interrompit-elle en riant. Quoi que je sois