Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/134

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bonne en soi, et de la manière dont vous la concevez, elle est sans réponse, et c’est avoir bien peu d’esprit que de trouver des réponses à ce qui n’en a point. Si notre tourbillon étoit de la figure d’un dé, il auroit six faces plates, et seroit bien éloigné d’être rond ; mais sur chacune de ces faces, on y pourroit mettre un tourbillon de la même figure.

Si au lieu de six faces plates, il en avoit vingt, cinquante, mille, il y auroit jusqu’à mille tourbillons qui pourroient poser sur lui, chacun sur une face, et vous concevez bien que plus un corps a de faces plates qui le terminent au dehors, plus il approche d’être rond, en sorte qu’un diamant taillé à facettes de tous côtés, si les facettes étoient fort petites, seroit quasi aussi rond qu’une perle de même grandeur. Les tourbillons ne sont ronds que de cette manière-là. Ils ont une infinité de faces en dehors, dont chacune porte un autre tourbillon. Ces faces sont fort inégales. Ici elles sont plus grandes, là plus petites. Les plus petites de notre tourbillon, par exemple, répondent à la Voie de lait, et soutiennent tous ces petits mondes. Que deux tourbillons, qui sont appuyés sur deux faces voisines, laissent quelque vide entre eux par en bas, comme cela doit arriver très souvent, aussitôt la nature, qui ménage bien le terrain, vous remplit ce