Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/135

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vide par un petit tourbillon ou deux, peut-être par mille, qui n’incommodent point les autres, et ne laissent pas d’être un, ou deux, ou mille mondes de plus. Ainsi nous pouvons voir beaucoup plus de mondes que notre tourbillon n’a de faces pour en porter. Je gagerois que, quoique ces petits mondes n’aient été faits que pour être jetés dans des coins de l’univers qui fussent demeurés inutiles, quoiqu’ils soient inconnus aux autres mondes qui les touchent, ils ne laissent pas d’être fort contents d’eux-mêmes. Ce sont ceux sans doute dont on ne découvre les petits soleils qu’avec les lunettes d’approche, et qui sont en une quantité si prodigieuse. Enfin tous ces tourbillons s’ajustent les uns avec les autres le mieux qu’il est possible ; et comme il faut que chacun tourne autour de son Soleil sans changer de place, chacun prend la manière de tourner, qui est la plus commode et la plus aisée dans la situation où il est. Ils s’engrènent en quelque façon les uns dans les autres comme les roues d’une montre, et aident mutuellement leurs mouvemens. Il est pourtant vrai qu’ils agissent aussi les uns contre les autres. Chaque monde, à ce qu’on dit, est comme un ballon qui s’étendrait, si on le laissoit faire, mais il est aussitôt repoussé par les mondes voisins, et il rentre en lui-même, après quoi il recommence à s’enfler,