Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/39

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pendant que la Terre tourne sous moi en vingt-quatre heures. Je vois passer sous mes yeux tous ces visages différens, les uns blancs, les autres noirs, les autres basanés, les autres olivâtres. D’abord ce sont des chapeaux, et puis des turbans, et puis des têtes chevelues, et puis des têtes rases ; tantôt des villes à clochers, tantôt des villes à longues aiguilles qui ont des croissans, tantôt des villes à tours de porcelaine, tantôt de grands pays qui n’ont que des cabanes ; ici des vastes mers ; là des déserts épouvantables ; enfin toute cette variété infinie qui est sur la surface de la Terre.

En vérité, dit-elle, tout cela mériteroit bien que l’on donnât vingt-quatre heures de son temps à le voir. Ainsi donc dans le même lieu où nous sommes à présent, je ne dis pas dans ce parc, mais dans ce même lieu, à le prendre dans l’air, il y passe continuellement d’autres peuples qui prennent notre place ; et au bout de vingt-quatre heures nous y revenons.

Copernic, lui répondis-je, ne le comprendroit pas mieux. D’abord il passera par ici des Anglois qui raisonneront peut-être de quelque dessein de politique avec moins de gaieté que nous ne raisonnons de notre philosophie ; ensuite viendra une grande mer, et il se pourra trouver en ce lieu-là quelque vaisseau qui n’y