Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/40

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sera pas si à son aise que nous. Après cela paroîtront des Iroquois, en mangeant tout vif quelque prisonnier de guerre, qui fera semblant de ne s’en pas soucier ; des femmes de la terre de Jesso, qui n’emploieront tout leur temps qu’à préparer le repas de leurs maris, et à se peindre de bleu les lèvres et les sourcils pour plaire aux plus vilains hommes du monde ; des Tartares qui iront fort dévotement en pèlerinage vers ce Grand-Prêtre qui ne sort jamais d’un lieu obscur, où il n’est éclairé que par des lampes, à la lumière desquelles on l’adore ; de belles Circassiennes ne feront aucune façon d’accorder tout au premier venu, hormis ce qu’elles croient qui appartient essentiellement à leurs maris ; de petits Tartares qui iront voler des femmes pour les Turcs et pour les Persans ; enfin nous, qui débiterons peut-être encore des rêveries.

Il est assez plaisant, dit la Marquise, d’imaginer ce que vous venez de me dire ; mais si je voyois tout cela d’en haut, je voudrois avoir la liberté de hâter ou d’arrêter le mouvement de la Terre, selon que les objets me plairoient plus ou moins, et je vous assure que je ferois passer bien vite ceux qui s’embarrassent de politique, ou qui mangent leurs ennemis ; mais il y en a d’autres pour qui j’aurois de la curiosité. J’en aurais pour ces belles Circassiennes, par exemple, qui