Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/90

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qu’elle est ennemie des répétitions, les aura tous faits différens ; mais comment se représenter tout cela ? Ce n’est pas à l’imagination à prétendre se le représenter, répondis-je, elle ne peut aller plus loin que les yeux. On peut seulement apercevoir d’une certaine vue universelle la diversité que la nature doit avoir mise entre tous ces mondes. Tous les visages sont en général sur un même modèle ; mais ceux de deux grandes nations, comme des Européens, si vous voulez, et des Africains ou des Tartares, paraissent être faits sur deux modèles particuliers, et il faudroit encore trouver le modèle des visages de chaque famille. Quel secret doit avoir eu la nature pour varier en tant de manières une chose aussi simple qu’un visage ? Nous ne sommes dans l’univers que comme une petite famille, dont tous les visages se ressemblent ; dans une autre planète, c’est une autre famille, dont les visages ont un autre air.

Apparemment les différences augmentent à mesure que l’on s’éloigne, et qui verroit un habitant de la Lune et un habitant de la terre remarqueroit bien qu’ils seroient de deux mondes plus voisins qu’un habitant de la terre et un habitant de saturne. Ici, par exemple, on a l’usage de la voix, ailleurs on ne parle que par signes ; plus loin on ne parle point du tout. Ici, le raisonnement se forme entièrement par l’expérience ;