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DE LA SICILE.

à la suite d’une révélation faite à son mari, fut obligée, pour soustraire Agathocle à la mort, peu de jours après sa naissance, de le cacher chez un autre potier. Le père, frappé quelques années après de la beauté de cet enfant, apprit avec transport qu’il était son fils, l’emporta dans ses bras et lui voua dès-lors la tendresse la plus vive.

Des ruines gothiques qui dominent Sciacca, rappellent encore à ses habitans les longs démêlés de deux maisons rivales, les barons Luni et Perollo ; tous deux riches et puissans, ils avaient fortifié ces palais, dont j’ai dessiné les tours. Sous le règne de Martin et de Marie, une belle héritière fut recherchée par les deux jeunes gens les plus accomplis de la Sicile, Artale de Luni et Jacques Perollo. Le roi favorisait Luni, parce qu’il était d’origine espagnole ; il fut préféré, et la rage s’empara du cœur de Perollo. Ces deux rivaux léguèrent à leurs fils les haines qu’ils avaient héritées de leurs pères et qui divisaient Sciacca et toute la Sicile. On empoisonnait, on assassinait l’ennemi qui avait insulté votre fille et brûlé votre habitation ; on s’attaquait au milieu des processions ; le saint sacrement méconnu devenait le témoin des combats