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SOUVENIRS

Iphigénie en Aulide, à travers la porte principale apparaissait la mer sillonnée de vaisseaux. Enfin des nuages légers et le secours des mobiles periacti prêtaient leur illusion aux Nuées d’Aristophane. Les pinceaux de Zeuxis et d’Apelle auraient-ils pu offrir à la scène grecque des décorations aussi nobles et aussi éclatantes ?

On acquiert aisément la preuve que le théâtre de Taormine fut revêtu de marbre. En 1748, on a restauré assez maladroitement les angles de cet édifice, en y engageant au hasard des colonnes de granit gris et de marbre rouge : mais ce qui reste de sculptures monumentales, porte évidemment l’empreinte de l’époque où les Romains dominaient en Sicile ; les chapiteaux sont peu fouillés, et le travail a de la mollesse. Ces détails n’empêchaient pas que l’effet total ne dût être imposant et admirable. Ce théâtre a quelque rapport avec celui de Sagonte, dont la nature avait aussi offert la base et fait concevoir le plan : mais jamais ce monument de la cité espagnole n’a pu être mis en parallèle avec le théâtre magique de Taormine.

L’effet de la voix était d’un bonheur singulier : on peut se convaincre que le lieu de la scène