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LE RAJAH DE BEDNOURE,

missionnaire catholique ; on m’élevait dans cette croyance. Quand nous avançâmes en âge, mon père, qui n’avait pas des idées assez fixes sur la religion, était aussi embarrassé par mes questions que si aucun doute ne se fût jamais présenté à sa pensée. Mes enfans, nous disait-il quand nous le pressions de nous répondre, je crois que celui qui plaça pour le soulagement de tous les êtres le palmier dans le désert et la source la plus limpide sous les sables d’Aden, celui que vous priez soir et matin, est souverainement juste, souverainement bon. Espérons qu’il recevra également dans son sein paternel le paria si méprisé, le sultan de Dehli et le catholique romain, s’ils ont cherché et pratiqué la vertu sur la terre.

» Je m’appliquais assez docilement à apprendre le peu qui m’était enseigné, tandis que chaque jour, en développant les forces du jeune Misra, semblait inspirer plus d’éloignement à cet esprit altier pour toute espèce de sujétion. Fier, irascible, déjà remarquable par les proportions de sa taille, le rajah le devint bientôt après par le courage avec lequel il allait attaquer les animaux les plus redoutables de nos forêts. Les