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HISTOIRE INDIENNE.

premiers plaisirs de son enfance furent de traverser les torrens à la nage, de poursuivre et d’atteindre les gazelles à la course. Son cœur ardent et sensible peut aussi promptement concevoir une haine implacable, qu’il est susceptible de conserver un attachement sans bornes. Ses traits, naturellement si doux, prennent parfois le caractère le plus terrible. Misra était enfin dès-lors, selon l’expression du Védam, tout-à-la-fois bienfaisant comme la rosée et inexorable comme la tombe.

» Le rajah ne se livrait au repos que pour obéir à mon père qu’il croyait le sien, et pour satisfaire à sa tendresse pour moi, qui ne doutais pas que je ne fusse sa sœur. Écoutant avec délices le récit des combats et la louange des héros, n’apprenant quelque chose que par mes soins, assis à mes pieds, la tête appuyée sur mes genoux, mon ami ne se soumettait qu’en rougissant à répéter les leçons qu’il dédaignait. Le lin qui formait ses vétemens n’était préparé que par moi ; je n’étais servi que par lui. Misra ne revint jamais sans me rapporter des fleurs ou les prémices de quelque fruit. Ses mains assouplissaient les peaux de tigre qui devaient