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les mystères de montréal

nalité, de combien d’obscurs martyrs d’un gouvernement despotique, ils ont recueilli le dernier soupir.

C’est à cette époque de bouleversement national — mil huit cent trente-sept — que commence notre récit.

Vers la fin d’août de cette année, François Bourdages, une jeunesse du deuxième rang de Saint-Denis, donnait ce qu’on appelle une grande veillée.

Il avait engagé un joueur de violon et un joueur d’accordéon. Deux musiciens dans la même veillée, cela ne s’était jamais vu dans ce rang de Saint-Denis. Il y avait des jolies filles et des jolis garçons, venus jusque de Saint-Antoine.

C’est que François Bourdages faisait bien les choses et quand il donnait une veillée, on était certain de s’amuser.

Dès sept heures les invités commencèrent à arriver. Ce furent d’abord les voisins. Comme ils demeuraient près, ils vinrent à pied. Ensuite arrivèrent les gens des concessions. Ceux-là se rendirent en voiture et arrivèrent un peu plus tard, tous ensemble dans de grandes charrettes.

Les jeunesses n’étaient pas seules ; les vieux avaient trouvé un prétexte pour se rendre au deuxième rang et s’étaient mis deux ou trois dans chaque voiture.

Lorsqu’elles arrivèrent chez François Bourdages, il y avait déjà une quinzaine d’invités de rendus. Les uns se mirent aux fenêtres, les autres sortirent sur le perron. Ces derniers aidèrent les nouveaux arrivants à