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les mystères de montréal

sauter à terre, pendant que les plus galants de la bande dételaient les chevaux.

Tous les invités entrèrent dans la maison. Homère Paradis commença à accorder son violon et les cavaliers commencèrent à choisir leurs blondes.

Ce fut bientôt une danse générale. Exilda, la sœur de François se multipliait en sa qualité de fille de la maison. Elle avait un sourire pour les uns et une bonne parole pour les autres. Et elle se privait de danser afin qu’il y eut plus de place pour les invités. Autant que possible elle cherchait à amuser tout le monde.

Il y avait cependant un jeune homme de vingt-deux ans environ qui ne prenait point part à ce brouhaha.

Assis seul dans un coin, Charles Gagnon semblait triste et songeur. Il regardait souvent un des plus brillants couples de la réunion, et comme si ce regard lui eut fait mal, il détournait aussitôt la tête.

On chuchotait à côté de lui :

— Charles est jaloux : aussi il mange un peu trop d’avoine. À sa place j’aurais abandonné la partie depuis longtemps.

— C’est bien bon pour lui : il est trop hautain : il ne regarde jamais personne…

— Oui, mais il est si rusé qu’il trouvera bien moyen de faire donner la pelle à Paul Turcotte…

— Oh non ! Jeanne Duval aime trop Paul Turcotte et ça va finir par un mariage… Il y a assez longtemps qu’ils s’en reviennent de la messe en parlant tout bas…