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les mystères de montréal

envoyèrent des délégués, élevèrent la voix dans les journaux. Rien ne fit.

Vint un jour où ils ne trouvèrent plus qu’un moyen de se faire respecter : la force.

C’était en 1837.

Il venait de se former à Montréal une ligue appelée « Les Fils de la Liberté. » Elle avait à sa tête des hommes comme Papineau, Rodier, Nelson, Duval et une foule d’autres, tous des citoyens éminents et de grands talents, qui montraient que l’élément français n’était pas dégénéré et qu’il était indigne de jouer le rôle inférieur qu’on lui assignait.

Le but de cette ligue était de tenir tête aux oppresseurs du Bas-Canada. Les membres formaient des comités de défense nationale qui se transformaient ensuite en bataillons. On s’assemblait le soir dans des lieux isolés et on faisait l’exercice.

Des ramifications s’étendaient dans plusieurs campagnes, notamment dans celles des bords du Richelieu. Saint-Denis et Saint-Charles luttaient de zèle.

À Saint-Denis, les chefs du mouvement étaient le notaire Matthieu Duval et le docteur Wolfred Nelson.

Matthieu Duval pouvait avoir quarante-cinq ans. Il était de taille moyenne, maigre, avait un large front et portait toute sa barbe. Sa figure intelligente, son maintien digne montraient qu’il avait reçu une bonne éducation. Son air était imposant et inspirait le respect et la confiance.

Né dans les premiers temps de la domination anglai-