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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/303

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les mystères de montréal

voyons que nous n’avons pas affaire à des cannibales, nous enverrons une chaloupe : en attendant nous allons mettre en panne.

Le capitaine entra dans sa cabine, et après avoir de nouveau consulté ses cartes les plus complètes il acquit la certitude qu’il n’y avait pas d’îles habitées en cet endroit. Peut-être un des petits îlots que la carte mentionnait l’était-il par hasard.

La lumière ne s’éteignit pas de la nuit.

Au jour une petite île était en vue mais elle paraissait très loin, on ne distinguait que son contour. Le capitaine fit jeter la sonde et comprit qu’il n’était pas prudent de naviguer dans cette direction. Alors ayant fait mettre une chaloupe à la mer, il ordonna à son second d’y descendre et d’approcher assez près de terre pour savoir ce qui en était.

Lorsque les marins furent près de l’île, ils distinguèrent un homme qui les invitait par des signes à venir le trouver. Il allait et venait sur la grève comme un fou. Sa chevelure et sa barbe étaient longues, et pour tout vêtement il n’avait qu’un morceau de toile déchiré, enroulé autour du corps.

Comme la chaloupe touchait l’île il alla au devant du second et le serrant dans ses bras lui dit :

— Enfin !… Comme vous êtes bons de venir me délivrer.

Il avait reconnu la nationalité des marins et leur adressait la parole en anglais.