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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/304

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les mystères de montréal

— Qui êtes-vous, lui demanda le second, et comment êtes-vous ici ?

— Je suis un capitaine de navire, et je ne sais pas plus que vous comment je suis ici.

— Quel était le nom de votre navire ?

— Le Marie-Céleste.

— Le Marie-Céleste ! Vous êtes le capitaine du Marie-Céleste.

— Oui, monsieur, ah ! parlez m’en donc, dites-moi ce qu’il est devenu ; comment cela est arrivé.

— Mais ne le savez-vous pas vous même ? Pourquoi l’avez-vous abandonné avec tout votre équipage !

— Abandonné avec tout mon équipage !

— Oui, on a rencontré le Marie-Céleste absolument seul : il allait à la dérive.

— Et la cargaison ?

— Autant que je m’en souviens, elle était en ordre.

— Rien ne manquait ?

— Rien.

— Quel mystère !

— Pour vous aussi ?

— Oui, monsieur ; je me demande souvent si je rêve.

— Mais vous allez nous raconter votre histoire.

— Elle est bien singulière et ce n’est pas le temps de la raconter.

Les matelots pensèrent que cet homme était détraqué. On en voit tant de malheureux marins qui perdent la tête à la suite d’un naufrage ou de quelqu’autre drame de la mer.