Aller au contenu

Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
305
les mystères de montréal

Mais l’ancien capitaine du Marie-Céleste n’était pas détraqué et ce qu’il disait était vrai.

Paul Turcotte, grâce à son énergie et à sa force physique avait échappé aux menées lâches de son rival. Depuis deux ans il était confiné dans cette île, exclu de la société des hommes. Un hasard longtemps attendu le tirait de sa solitude.

Le survivant du Marie-Céleste ne trouvait pas de mot pour exprimer sa joie. Il était ému au point de pouvoir à peine parler.

Il dit à ses sauveteurs.

— Avant de retourner à bord, vous me permettrez de vous montrer comment j’ai vécu durant deux ans et comment je pensais vivre le reste de ma vie.

Ayant entraîné les marins sur une petite colline, non loin du rivage, il leur montra une hutte de forme carrée, construite en bambou et appuyé à un quartier de rocher. Elle avait quinze pieds carré et l’intérieur était proprement garni de nattes. Il n’y avait que deux petites ouvertures, l’une — la porte — donnant sur la mer, l’autre — le châssis — sur l’intérieur de l’île.

— Et que mangez-vous ? lui demanda un matelot.

Le Canadien répondit :

— Les premiers jours de mon arrivée je crus que je mourrais de faim. Étant sans fusil je ne pouvais pas chasser, quoique le gibier abondât. La providence vint à mon secours. Comme je me promenais sur la grève, je vis des tortues qui venaient y déposer leurs œufs.