conduit par la main d’un traître avait promené sa torche incendiaire sur Saint-Denis. Un germe de guerre était resté dans le pays. Il s’était développé et rongeait maintenant des comtés entiers.
À quelles scènes auraient assisté les martyrs de 37-38 s’il leur eut été donné de sortir du tombeau et de venir à Saint-Denis à cette époque de 1841 ? À des combats de fanatisme soulevés par les vainqueurs aux vaincus ? Non, les Canadiens-français avaient forcé le pouvoir à les respecter. Ils auraient assisté à des combats fratricides, déloyaux, œuvre de quelques uns de leurs compatriotes, se dévorant mesquinement, sourdement.
Telle était la situation à Saint-Denis à la mort de madame Duval. Que de soirées les trois orphelins passèrent à sangloter assis dans le boudoir.
Dans le printemps de 1844 un jeune ingénieur civil de Montréal, — nommé George Braun — chargé par la compagnie industrielle Donalson de New-York d’étudier les pouvoirs d’eau de la rivière Richelieu, vint à Saint-Denis.
Il vit Jeanne et Marie et fut frappé de leur beauté. Il se fit présenter à elles et devint amoureux de Marie.
L’ayant courtisée tout l’été, il l’épousa à l’automne au milieu d’un faste en rapport avec sa position.
Comme les affaires de monsieur Braun exigeaient souvent sa présence à New-York, il alla demeurer en cette dernière ville et Jeanne fit partie de la maison.
Peu après Braun ayant été nommé représentant en