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les mystères de montréal

vidu dont le seul droit — et ce n’en est pas un — à notre dévouement est la naissance, surtout quand il engage des luttes pour satisfaire ses caprices… Que cet individu soit comte, duc, roi, bien imbéciles sont ceux qui marchent à la boucherie sous prétexte d’être loyaux.

La campagne était dans toute sa vigueur. Qui vaincrait ! C’était douteux. Aujourd’hui un bataillon mexicain remportait une victoire éclatante, demain ce même bataillon était écrasé.

Enrôlé dans les plis du drapeau, chacun des deux côtés, stimulé par une prime, soutenait vaillamment l’honneur du nom. On voyait dans les montagnes de l’Amérique Centrale et dans la baie d’Eselona des prodiges de valeur sur lesquels l’histoire est muette, mais que les chanteurs populaires de ces pays célèbrent dans leurs ballades.

La guerre, dévastatrice et ruineuse, menaçait de se prolonger jusqu’à la mort du dernier soldat, comme les dragons à sept têtes de la fable, qui se dévorent entr’eux jusqu’à ce que l’un ait croqué la dernière tête de l’autre, si le général Nunez, du Guatémala, n’eût adopté un plan de campagne, excellent en lui-même, mais qui lui fut funeste, l’ennemi l’ayant deviné.

Voici quel était ce plan.

Anéantir l’armée mexicaine du côté de la terre, il ne fallait pas y penser. Escobar, logé sur les hauteurs, ne se laissait pas déloger par les boulets de la première