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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/423

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CHAPITRE XI

le voleur.


Les deux survivants de la campagne du Mexique arrivèrent à Montréal deux mois après leur départ de Vera-Cruz, c’est-à-dire en plein hiver.

Une voiture les conduisit à l’hôtel Rasco.

Pendant le trajet, Paul Turcotte dit à son compagnon :

— Tu ne saurais croire tout ce que cette neige me rappelle… C’est elle qui m’a redonné la vie et la liberté quand je me suis évadé de la prison de Montréal, à la veille d’être pendu… Il y en avait durant le mois d’angoisse que j’ai passé à Rouse’s Point, en compagnie du notaire Duval et du docteur Nelson… Il y en avait aussi à Terreneuve quand j’ai écrit ma dernière lettre à ma fiancée, lettre dont je n’ai jamais reçu de réponse… C’est la première fois depuis longtemps que je vois de la neige et, à cette vue, les souvenirs viennent se heurter en foule dans mon esprit…

Le « Rasco » était une grande bâtisse en pierre à trois étages avec une mansarde percée de lucarnes. C’était une des plus hautes de la rue Saint-Paul. Sa façade avait soixante pieds. C’était le second hôtel de Montréal. Il était surtout patronisé par les Canadiens-français et pouvait recevoir deux cents pensionnaires.

Turcotte eut pu descendre au meilleur hôtel de