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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/430

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les mystères de montréal

— Peu importe… Avez-vous un endroit où nous pouvons l’enfermer en sûreté.

Turcotte ne voulait pas donner la liberté au voleur pour deux raisons, la première, c’est qu’il en aurait peut-être profité pour aller avertir le prétendu banquier de Courval : l’autre, c’est que cet homme serait d’une grande valeur dans la poursuite qui serait intentée avant longtemps à l’ancien bureaucrate de Saint-Denis.

L’hôtelier répondit qu’il avait une chambre où l’on pouvait enfermer le prisonnier en toute sûreté.

On le transporta dans une chambre noire qui n’avait d’autre ouverture que la porte. Par prudence Paul Turcotte engagea un homme pour monter la garde.

Il retourna à sa chambre mais ne put clore la paupière de la nuit.

Il pensait à la révélation extraordinaire que venait de lui faire son ancien matelot. Jeanne Duval est-elle bien à Montréal ? se demandait-il. Et toute l’odyssée de sa vie repassait devant ses yeux. Il revoyait sa fiancée aux jours de 37, puis le soir où il l’avait vue pour la dernière fois, au milieu des Habits-Rouges, conduits encore une fois par le traître Charles Gagnon. Elle lui apparaissait sortant victorieuse de toutes les luttes mesquines qu’on lui avait suscitées, et cette fois-ci il la conduisait au pied des autels pour ne plus la laisser tant qu’elle vivrait. Il la rendrait