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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/6

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les mystères de montréal

guant sur un océan tranquille par trente degrés vingt minutes latitude nord et dix-sept degrés quinze minutes longitude ouest — méridien de Greenwich — la vigie avait signalé un navire allant à la dérive par le travers de bâbord. Il paraissait courir une mauvaise bordée : de plus ses huniers de misaine étaient déchirés et flottaient au vent.

Les signaux d’usage étant restés sans réponse, l’équipage du Dei-Gratia, poussé par la singularité de la chose et par le désir de secourir ses semblables, s’ils étaient dans le besoin, avaient envoyé une chaloupe vers le vaisseau en vue.

Tout semblait être dans un morne silence à bord. Sur le pont pas un homme.

Le capitaine Alexander avait visité le brick et constaté qu’il était complètement abandonné. Il avait nom Marie-Céleste.

D’après le journal du bord on vit qu’il était parti de Montréal, Canada, le quinze mai mil huit cent quarante-deux à destination de Gênes, Italie, avec une cargaison de pétrole en baril et de peaux de renard.

Rien ne manquait à bord, pas même une des six chaloupes de sauvetage. Le journal, écrit de la main du capitaine et trouvé dans sa cabine, était complet jusqu’au midi du trente et un mai mil huit cent quarante-deux mais le livre de quart avait été tenu jusqu’à huit heures avant midi du jour suivant alors que le brick passait à six milles sud sud-ouest de la pointe est de Sainte-Marie, Açores.