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Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/60

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les mystères de montréal

contradiction pour tout ce que les patriotes faisaient, s’était engagé à les conduire à la ferme de Matthieu Duval.

Charles resta dans la maison des demoiselles Darnicourt, en proie à de fortes inquiétudes. « Si Jeanne pensa-t-il, savait ce que j’ai fait depuis quinze jours, elle me maudirait, et une muraille infranchissable se lèverait entre nous deux. »

Il pensait toujours à Jeanne Duval, et le nom de Paul Turcotte était un cauchemar pour lui. Souvent il voyait les fiancés se promener leurs bras entrelacés ; ce spectacle augmentait sa jalousie et il jurait de briser leur bonheur.

C’était ce qui avait fait de lui un bureaucrate d’autant plus dangereux qu’il était inconnu comme tel.

Dans le bas du deuxième rang de Saint-Denis, près de la ligne de démarcation, est un coteau sablonneux long de deux arpents. Le voyageur qui le gravit jusqu’à son sommet voit se dérouler devant lui un panorama ravissant. D’un côté les dernières habitations de Saint-Denis, situées sur le chemin du roi, comme des sentinelles à l’arrière garde ; de l’autre, dans le lointain, au milieu d’une touffe d’érables respectée par la hache du pionnier, s’élève dans les airs le clocher d’une église paroissiale. De blanches maisonnettes entourent ce temple, groupées qu’elles sont comme des enfants autour de leur mère.

C’est Saint-Charles où se tint en 1837 la fameuse