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les mystères de montréal

sur les vitres et dans la cheminée de la maison de Boisvert.

Celui-ci étant sorti un instant, rentra avec son fanal à la main et la neige se précipita en tourbillons dans l’appartement.

— Quelle tempête effrayante ! dit Madame Duval en voyant le patriote couvert de neige ; ce n’est pas drôle de voyager par cette nuit… Que Dieu les guide !…

— La tempête les protège, répondit Boisvert en éteignant son fanal et en s’époussetant, car ils rencontreront peu de monde, ma foi.

— Vous croyez ?

— Oui, Madame, et si les patriotes ont passé par Saint-Hyacinthe, ils sont à la veille d’arriver. Mais s’ils ont pris le chemin de Sainte-Rosalie — et c’est mon idée, puisque cette route pour être plus longue de deux lieues seulement est bien plus sûre — ils peuvent retarder encore.

La tempête au lieu de diminuer, augmentait. La charpente de la maison craquait sous les rafales redoublées et celui qui n’eut pas été habitué à ces ouragans eut déserté ce toit dans la crainte de le voir s’écrouler sur sa tête ; mais il était solide, construit à l’épreuve des coups de vent du nord-est.

Vers onze heures on entendit le glissement d’une carriole et le parler de plusieurs hommes. C’était les chefs Duval, Nelson et Turcotte. Emmitouflés dans les peaux jusqu’aux oreilles, blancs de neige, la barbe