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les mystères de montréal

pleine de glaçons, on eut peine à les reconnaître. Ils entrèrent pendant que Boisvert conduisit leur cheval à l’étable.

Marie et Albert se jetèrent au cou de leur père qu’ils embrassèrent tendrement. Jeanne donna la main à son fiancé : il était très changé et se servait difficilement de son pied gauche. Il avait dû souffrir beaucoup des blessures reçues dans l’engagement du trente et un novembre. La première pensée de la jeune fille fut de s’écrier : Comme tu es changé. Elle craignit de l’effrayer et dit :

— Mais vous arrivez bien tard pour des gens qu’on attendait cette après-midi à bonne heure.

Jeanne ne prononça ces paroles que pour se donner de la façon, intimidée qu’elle fut de se voir en face de son fiancé, après une absence longue de quatre semaines.

— Ah ! répondit le blessé, des reproches, et en arrivant.

Les deux fiancés, dans cette fin de soirée, parlèrent de bien des choses et principalement de ce qui s’était passé depuis leur dernière entrevue. En apprenant les bontés dont Charles Gagnon comblait la famille du notaire, Paul dit :

— Défie-toi, Jeanne, il veut se mettre dans tes bonnes grâces et me supplanter.

Le lendemain après-midi, il y eut une assemblée chez Boisvert. Les patriotes se l’étaient dit en se souhaitant la bonne année à la porte de l’église, et il y en