Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE VIII

le bazar.


Le printemps arriva et les incendiés de Saint-Denis songèrent à se rebâtir. François Gagnon — le père de Charles — reconstruisit son magasin à l’ancien endroit, en face de l’église et la famille du notaire se bâtit à cinq arpents plus haut.

Bientôt un village nouveau s’éleva sur les ruines de l’ancien. Et au mois de juin de l’année 1838 Saint-Denis avait repris son activité des années précédentes.

C’était un spectacle curieux, inaccoutumé, pour celui qui arrivait à Saint-Denis, de voir ce groupe de maisons neuves. Les habitants en faisaient la remarque lorsqu’ils arrivaient par la route de Saint-Charles ou de Saint-Ours. Les voyageurs de l’ouest disaient que cela ressemblait à une ville américaine construite en une semaine autour d’une mine.

La trahison de Charles était restée inconnue. Ce jeune homme d’apparence ni meilleure ni pire que les autres, qui coudoyait journalièrement les patriotes du comté, qui l’eût dit l’auteur de la situation actuelle. Lui-même était si pénétré de son rôle d’hypocrite qu’il oubliait parfois ses actions de l’automne dernier.

À l’exemple de son père, il parlait peu de la grande question du jour, comprenant que le succès du maga-