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Page:Fortuné du Boisgobey - Le Pouce crochu, Ollendorff, 1885.djvu/116

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le pouce crochu

plages normandes s’amusent quelquefois à allumer pour éclairer les falaises.

Mademoiselle Monistrol, surprise et éblouie, recula en levant la tête et montra en plein son visage, insuffisamment abrité par son béret.

— Bon ! j’y suis, ricana la voix stridente d’Amanda, c’est la princesse que j’ai mise à la porte de la baraque, l’autre jour, place du Trône. Tu es donc à ses gages, maintenant, que tu l’as conduite ici ? Elle court après Zig-Zag, parce qu’elle se figure que Zig-Zag a tué son papa. Fi ! mademoiselle, que c’est laid de se faire moucharde !… Savez-vous bien qu’il pourra vous en cuire… nous ne sommes pas ici au boulevard Voltaire et j’ai bien envie de me payer la fantaisie de vous traiter comme vous le méritez.

Camille n’écoutait pas ces menaces. À la lueur du feu de Bengale, elle avait cru entrevoir au fond de la chambre la silhouette d’un homme, et cette vision, rapidement évanouie, l’occupait tout entière.

— Et toi, vieux filou, reprit Amanda, tu as donc volé Vigoureux ? Je m’explique, à présent, comment tu es arrivé ici avec ton gosse et la gonzesse, qui se mêle de jouer les travestis. Je l’avais envoyé me chercher ma boîte à bijoux, qui était restée dans la baraque, et tu l’as empoigné, à la sortie… Tu as dû le prendre en traître, car il t’aurait mangé, si tu l’avais attaqué en face. Il a su retrouver son chemin, le brave caniche, et il me rapporte le coffret… Tu n’as pas osé le lui retirer de la gueule, grand couard !… et tu l’as muselé !… et tu l’as attaché avec une corde !… Mais tu vas me faire le plaisir de le lâcher… et plus vite que ça.

Courapied n’obéit point à cet ordre, mais il ne savait