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le pouce crochu

— Non, je suis venue ici avec un brave homme et un enfant…

— Eh bien, que leur est-il arrivé ?

— On leur a tendu un piège… une trappe ouverte… ils y sont tombés… et je doute qu’ils aient survécu à cette chute effroyable.

— Une trappe ?… dans cette plaine ?… demanda l’inconnu en souriant d’un air incrédule.

— Non… dans une maison en ruines…

— En ruines, mais habitée sans doute, puisque vous dites que le piège était préparé.

— Oui… par des scélérats que je cherchais pour les livrer à la justice… un assassin et sa complice.

Le sauveur ne broncha point, mais il crut probablement que Camille était folle.

— Comment se fait-il qu’ils vous aient épargnée ? dit-il en la regardant avec une attention mêlée de pitié.

— Parce que j’ai fui. J’aurais dû mourir avec mes amis, mais je ne pouvais plus rien pour eux et j’ai voulu vivre pour les venger.

— Et les brigands vous ont poursuivie jusque sur la route où je viens de vous rencontrer ?

— Non, monsieur ; les gens dont vous m’avez délivrée sont des voleurs que je ne connais pas et qui m’ont attaquée comme ils auraient attaqué un autre passant.

— Mais… ceux de la maison, vous les connaissez ?

— L’un des deux a tué mon père.

— Alors, répondit froidement le monsieur, vous auriez dû vous faire accompagner par des agents de police.

— J’avais, pour agir seule, des motifs que je vous expliquerai. Mais, au nom du ciel, ne perdons pas de temps…