Page:Fortuné du Boisgobey - Le Pouce crochu, Ollendorff, 1885.djvu/129

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le pouce crochu

deux malheureux se sont sacrifiés pour moi et si je les abandonnais…

— Pardon, mademoiselle, vous venez de dire vous-même qu’ils ont dû se tuer en tombant dans une cave. Vous vous exposeriez inutilement. Les coupables sans doute n’ont pas quitté la place et, à nous deux, nous ne serions pas les plus forts, si nous les attaquions dans la maison où vous les avez laissés. Pour ma part, je ne m’y risquerais pas et cependant je crois vous avoir prouvé que je ne suis pas un lâche.

— Oh ! certes !… je ne sais comment vous prouver ma reconnaissance, mais faut-il donc laisser mes défenseurs à la merci de ces misérables ?

— Il faut d’abord vous mettre en sûreté, et vous n’y serez qu’en rentrant dans Paris. Si nous restions ici, nous serions infailliblement attaqués et, cette fois je ne serais peut-être pas aussi heureux que je viens de l’être contre deux rôdeurs de barrières.

— Je ne veux pas vous exposer à de nouveaux dangers, dit vivement mademoiselle Monistrol.

— Alors, permettez-moi de vous escorter jusqu’à votre domicile. Demain, si vous m’y autorisez, j’irai exposer les faits au chef de la sûreté.

— Non… il ne ferait rien, murmura Camille, qui ne croyait plus à l’intelligence, ni au bon vouloir des agents de la Préfecture, depuis qu’ils avaient relâché Zig-Zag.

— Préférez-vous que j’agisse seul ? reprit l’obligeant inconnu. Je suis tout à votre disposition. Ce qui serait impraticable cette nuit, je le tenterai en plein jour et je vous jure de vous renseigner non seulement sur le sort de vos amis, mais encore sur les agissements de vos ennemis.