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Page:Fortuné du Boisgobey - Le Pouce crochu, Ollendorff, 1885.djvu/196

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le pouce crochu

de toilette ; mais Fresnay n’était pas jaloux, et il ne résista pas au désir de faire une niche à madame de Lugos.

Il entra sur la pointe du pied et il la trouva assise sur le trapèze, le corps renversé en arrière, les mains cramponnées aux cordes d’appui et les jambes horizontales.

— Bonjour, comtesse ! dit-il de sa voix la plus douce.

Elle se redressa vivement, sauta à terre et vint se planter devant lui en croisant ses bras sur sa poitrine.

— Comment êtes-vous entré ici ? demanda-t-elle d’un ton sec.

— Par la porte, répondit Alfred, sans se déconcerter. Vous savez bien que j’ai une clef.

— Je ne vous l’aurais pas confiée si j’avais prévu que vous en abuseriez pour m’espionner.

— Moi ! vous me connaissez bien mal. Je vous laisse pourtant toute liberté et je ne viens jamais qu’aux heures où vous m’attendez. Je suis en avance aujourd’hui, c’est vrai, mais je ne regrette pas d’être arrivé un peu plus tôt, car je vous ai surprise dans un costume qui vous va fort bien, et j’ai pu constater que vous possédiez un talent dont vous ne m’avez jamais parlé.

— Je vous ai dit que j’aimais tous les exercices du corps. Et j’en suis complètement privée depuis que je demeure ici, car j’attends toujours le cheval de selle que vous m’avez promis.

— Bien riposté, Stépanette ! dit Alfred en riant. Tu l’auras cette semaine. J’en ai vu un au Tattersall qui te convient à merveille. Personne ne peut le monter.

— Je me charge de le mettre au pas.

— J’y compte bien et par la même occasion, je vais m’en payer un dont j’ai envie depuis quinze jours. Nous