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le pouce crochu

eu l’audace de te demander de la conduire chez mademoiselle Monistrol.

— Je lui, ai répondu : jamais ! Et elle s’est fâchée tout rouge. Là-dessus, je suis parti, parce que je n’aime pas les scènes. Mais sa proposition m’a donné à réfléchir. Il y a là un petit mystère à éclaircir et je l’éclaircirai demain matin. La femme de chambre de Stépana viendra me voir chez moi. Deux billets de cent francs lui délieront la langue et elle me renseignera complètement sur sa maîtresse… peut-être même sur M. Tergowitz.

Et toi ? où en es-tu, au boulevard Voltaire ?

— Toujours au même point. J’y vais tous les jours et on me reçoit une fois sur quatre… quand la place est libre.

— Et tu ne te décourages pas ? Il faut que tu sois bien pincé.

— Aujourd’hui encore, je me suis juré de n’y plus retourner. Et j’y retournerai demain !… c’est plus fort que moi. Tu ne comprends pas ça, toi, parce que tu n’as jamais aimé sérieusement.

— Non, mais si ce malheur m’arrivait, je ne resterais pas dans l’incertitude. Je voudrais au moins connaître mon rival et je m’expliquerais avec lui, car enfin, permets-moi de te le dire, tu joues en ce moment un rôle ridicule. Que n’attends-tu ce monsieur sur le boulevard et que ne l’abordes-tu carrément, puisque tu n’as pas le courage d’obliger mademoiselle Monistrol à te dire ce que c’est que ce personnage ?

— Elle me l’a dit hier. Il se nomme M. de Menestreau.

— Le nom ne nous apprend rien. Comment l’a-t-elle connu ?

— Il lui a rendu un service, paraît-il. Elle m’a laissé en-