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le pouce crochu

Tout à coup, sa tête heurta un obstacle. L’orifice du puits était fermé par une grille en fer.

Georget, cette fois, crut bien qu’il était perdu. Autour de lui, la fumée s’épaississait de plus en plus ; elle devenait brûlante, et le pauvre petit se trouvait dans la situation d’un homme assis sur le haut d’une cheminée dans laquelle on fait du feu.

Il poussa de toutes ses forces avec sa tête, et même, en se courbant, avec ses épaules. Il lui sembla que la grille cédait un peu.

Au moment où il tentait un suprême effort, il entendit de nouveau l’aboiement qui l’avait déjà effrayé ; mais cette fois, le chien avait le museau collé sur la grille.

Georget sentait son souffle à travers les barreaux.

— C’est Vigoureux ! murmura-t-il ; je suis perdu !

Périr étranglé par les dents d’un dogue furieux ou périr étouffé dans le souterrain, c’était tout un.

Il allait lâcher les échelons, lorsqu’il fut poussé par une force inconnue et assourdi par le fracas d’une épouvantable explosion.

Georget, à ce coup, perdit le sentiment de l’existence, et fut jeté hors du puits par une impulsion irrésistible.

Tout sauta en même temps : lui, la grille et le chien. L’éruption d’un volcan n’aurait pas produit des effets plus surprenants que cette poussée, partie du caveau, où huit pièces d’eau-de-vie venaient d’éclater à la fois.

Le tuyau par lequel l’enfant était monté, vomissait maintenant des flammes et des torrents de fumée noire. La terre avait tremblé et un pan de mur de la maison rouge s’était écroulé.

Le soleil qui se levait éclairait une scène de désolation et on voyait accourir des gens attirés par le bruit.