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le pouce crochu

proposition. Promettez-moi seulement que la journée ne se passera pas sans que j’aie des nouvelles de Georget.

— Ou du moins de l’enfant qu’on a ramassé près de la maison rouge… Ce n’est pas précisément la même chose… Enfin, je ferai de mon mieux. Mais, je vous le demande en grâce, répétez-moi encore que vous viendrez me rejoindre à Londres… J’ai tant de peine à croire à mon bonheur !

— Je vous l’ai promis… et je n’ai qu’une parole…

Georges de Menestreau fit un mouvement pour tomber à ses genoux. Elle l’arrêta.

— J’entends la voix de Brigitte, dit-elle. Je l’ai envoyée faire une commission, et elle va certainement monter ici… Mais, c’est singulier… on jurerait qu’elle pousse des cris de frayeur…

Aux cris succéda le fracas d’une porte fermée avec violence, et, un instant après, Brigitte, pâle, échevelée, les yeux hors de la tête, se précipita dans le salon.

— Qu’as-tu donc ? lui demanda Camille, effrayée.

La vieille servante articula péniblement ces mots :

— Le chien !

— Quel chien ? demanda, tout ébahie, mademoiselle Monistrol.

— Le chien du paillasse, répondit Brigitte avec effort.

Camille tressaillit, et M. de Menestreau lui-même ne put réprimer un mouvement d’émotion.

— Où est-il ? reprit la jeune fille d’une voix altérée.

— Dans la cuisine, mademoiselle ; et c’est bien heureux que j’aie pu l’y enfermer, car il n’a plus sa muselière, et il nous dévorerait tous. Il a l’air de n’avoir pas mangé depuis huit jours.

— Enfin… comment est-ce arrivé ?…