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le pouce crochu

— Parisienne, pur sang. Ça se voit de reste. Mais vous me demanderiez son vrai nom que je ne pourrais pas vous le dire, vu qu’elle me l’a toujours caché… dame ! ça se comprend à cause de sa famille.

— C’est peut-être une Montmorency, dit gravement Fresnay.

Olga ne saisit pas la plaisanterie.

Ces propos et quelques autres du même genre les menèrent jusqu’à Auteuil, et en descendant à la porte de l’hôtel de la rue Mozart, Fresnay n’était pas beaucoup mieux renseigné qu’en sortant de chez lui.

— Si monsieur n’a pas besoin de moi, je vais aller au marché, dit Olga. C’est à deux pas, et monsieur pourra déjeuner dans un quart d’heure.

Fresnay allongea un louis et monta, pendant que

l’étonnante soubrette entrait à la cuisine pour y prendre son panier à provisions.

Au salon, rien n’était changé depuis la veille. Les cordes qui soutenaient le trapèze pendaient encore au plafond.

Madame de Lugos n’avait laissé là aucune trace de son passage et il était improbable qu’elle se fût livrée, le matin, avant de sortir, à son exercice favori.

À l’étage supérieur, au contraire, tout accusait un départ précipité. Le cabinet de toilette était en désordre, et la chambre à coucher encore plus.

Il y avait là des robes jetées sur des fauteuils, des bas de soie qui traînaient sur le tapis, des fleurs arrachées d’une jardinière et semées dans tous les coins, parmi des fragments de lettres déchirées, des écrins ouverts sur la table de nuit, et sur le lit une boite longue et plate, qui avait l’air d’une boite à pistolets.