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le pouce crochu

catégorie se soutiennent toujours entre elles et se liguent volontiers contre les honnêtes gens.

Fresnay crut devoir prendre la tireuse de cartes par la douceur, et il fit bien.

— Allons, reprit-il, ne te fâche pas, tu es une bonne fille et je ne te demande qu’une chose, c’est de ne pas te mettre contre moi. Tu conçois qu’au point où en sont les choses, je ne peux pas rester avec la comtesse. Elle a des accointances qui finiraient par me compromettre. Je vais la quitter, mais je ne ferai pas d’éclat. Nous nous séparerons à l’amiable et tu n’y perdras rien.

Et comme Olga ne semblait pas convaincue, il ajouta :

— Si je me suis emporté tout à l’heure, quand tu m’as nommé Zig-Zag, c’est que justement je suis allé cette année à la foire au pain d’épices et je l’ai vu, en habit d’arlequin, exécuter son fameux saut. Alors, ça m’a un peu vexé d’apprendre que j’avais pour rival un saltimbanque ; mais il faut prendre philosophiquement ces accidents-là.

— Vous avez rencontré plusieurs fois, m’avez-vous dit, M. Tergowitz. Comment ne vous êtes-vous pas aperçu que Zig-Zag et lui ne faisaient qu’un ?

— Je n’ai vu Zig-Zag qu’avec un masque sur la figure.

— C’est vrai. J’oubliais qu’il ne travaillait jamais que masqué ; mais vous avez dû voir aussi Amanda. Elle faisait le boniment au public.

— Parfaitement, et je ne comprends pas que je ne l’aie pas reconnue, habillée en comtesse. Il est vrai qu’elle se teint les cheveux, et ça la change tellement !…

— Que j’ai eu moi-même de la peine à la reconnaître ; mais j’espère que, si elle rentre, vous n’allez pas lui jeter