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Page:Fortuné du Boisgobey - Le Pouce crochu, Ollendorff, 1885.djvu/318

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le pouce crochu

Mais Georges l’avait reconnue, cette femme, et il se rua sur elle en disant :

— Ah ! drôlesse ! tu me vends ! eh bien, tu vas mourir. Je vais te tordre le cou.

— Pas ici, monsieur Tergowitz, répondit tranquillement le baron de Fresnay, qui émergea tout à coup de la salle à manger où il se tenait derrière le rideau.

Madame de Lugos m’a affirmé que vous étiez ici, reprit le baron de Fresnay avec un flegme étonnant, et elle m’a à peu près forcé de l’y conduire. Elle éprouve le besoin de s’expliquer avec vous.

Puis, s’avançant le chapeau à la main vers Camille Monistrol, éperdue :

— Pardonnez-moi, mademoiselle, d’envahir votre domicile, dit-il de sa voix la plus douce. Je me flatte que vous me remercierez plus tard de m’être présenté chez vous sans votre autorisation. Du reste, j’ai déjà eu l’honneur de vous voir dans une circonstance que vous n’avez pas oubliée, j’en suis sûr… j’accompagnais, ce soir-là, mon meilleur ami, Julien Gémozac.

Camille ne bougea point. Elle ne comprenait pas encore, mais M. de Menestreau pâlit horriblement.

— Maintenant, monsieur, lui dit Fresnay, je laisse la parole à madame de Lugos. Vous la connaissez beaucoup, à ce qu’il paraît, et elle tient énormément à ne pas vous perdre, puisqu’elle est venue vous chercher ici.

— Assez, monsieur ! répliqua M. de Menestreau avec violence. Faites-moi place ! je ne vous connais pas plus que je ne connais cette femme.

Fresnay ne s’écarta point pour le laisser passer et madame de Lugos lui dit en lui montrant le poing :