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le pouce crochu

reconnaissez pas parce que mes cheveux sont teints Vous m’avez vue pourtant, le soir où on a tué votre père… vous m’avez vue sur la place du Trône, où je faisais la parade, c’est moi qui vous ai fait mettre à la porte de la baraque… où vous étiez entrée en poursuivant l’assassin.

Camille poussa un cri et regarda Georges.

— Et lui, le reconnaissez-vous maintenant ? reprit Amanda qui ne se possédait plus.

— Non… non, murmura la jeune fille ; ce n’est pas vrai… c’est impossible…

— Vous ne voulez pas me croire, parce que ce vil coquin vous a débarrassée de deux voyous dans la plaine Saint-Denis. Il savait bien ce qu’il faisait, allez ! Il s’était renseigné et il avait appris que vous étiez riche. C’est cette nuit-là qu’il a commencé à me trahir. J’étais avec lui à la maison rouge. Quand cette brute de Courapied est tombé dans la cave avec son petit, vous vous êtes sauvée. Devinez un peu ce qu’il m’a dit avant de courir après vous. Il m’a dit qu’il allait vous assommer sur la route, et je l’ai cru. Eh bien ! il avait son plan. Il espérait qu’on vous attaquerait, et ça n’a pas manqué. Il est arrivé tout à point pour vous sauver… et vous avez donné là-dedans. Parions que si je n’étais pas venue aujourd’hui, vous alliez l’épouser, la semaine prochaine… Mais je suis là, et vous ne tomberez pas dans ses griffes… vous ne m’avez rien fait, vous… c’est de lui que je veux me venger… et je me venge !

Allons, baron ! il y a bien ici un domestique ou une servante. Appelez-les et commandez-leur d’aller chercher deux sergents de ville qui nous arrêteront, Zig-Zag et moi…