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le pouce crochu

être sûr qu’il nous cherche. Nous ferions peut-être bien d’aller passer deux ou trois mois en Angleterre.

— Allons donc ! Nous y mangerions notre argent, tandis qu’à Paris nous sommes sûrs de réussir. Tu connais le programme ?

— Parfaitement. Chacun travaillera de son côté… et on partagera les bénéfices. Mais, pour commencer, ça va coûter cher.

— Je m’y attends bien. Je compte sur une dizaine de mille francs de frais de premier établissement. Tu leur as dit que tu logeais au Grand-Hôtel ?

— Oui. Et je parierais que le Fresnay viendra demain m’y faire une visite.

— Il faut donc que tu y débarques demain avec tes bagages et ta femme de chambre. Les colis t’attendent à la gare de l’Est, où je les ai déposés en ton nom. Tu n’auras qu’à les y prendre et ce soir je te présenterai la femme de chambre. Tu la connais d’ailleurs.

— Olga… la tireuse de cartes…, oui, c’est une fine mouche, et si tu es sûr d’elle…

— Comme de toi. D’ailleurs, je la tiens. Si elle bronchait, j’ai de quoi la faire envoyer à la Centrale pour dix ans. Maintenant, je ne suis pas disposé à entrer dans la peau du seigneur hongrois que tu as inventé. Je te gênerais et il vaut mieux que je ne figure pas dans la comédie que tu vas jouer. Je m’installerai à part et pas sous le nom de Tergowitz.

— Comme tu voudras… pourvu que je te voie tous les jours.

— Non, toutes les nuits. Nous nous rencontrerons dans notre cassine de la plaine Saint-Denis… à moins d’empê-