Page:Foucaux - Le Religieux chassé de la communauté, 1872.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

En voyageant de village en village et de ville en ville, il arriva dans la ville capitale de Srâvastî où il mit ses marchandises en magasin pour y séjourner.

Il y avait alors dans cette ville une belle courtisane appelée Zangmo, remarquable par la perfection de sa beauté. Pour être bien reçu dans sa maison, il fallait donner chaque jour 500 kârchâpanas[1].

Celle-ci ayant appris que le fils de Nanda était arrivé à Srâvastî avec les cinq cents marchands, et qu’il avait mis ses marchandises en magasin, se dit : Si je ne lui enlève pas toutes ses marchandises, je ne m’appelle pas Zangmo !

Elle dit à sa servante : — Ma bonne, un riche marchand nommé Sounanda, est arrivé ici avec des marchandises de prix qu’il a déposées dans un magasin. Va donc le trouver, et dis-lui, en lui présentant des parfums et des fleurs : Ma maîtresse Zangmo salue vos pieds ! Pourquoi, noble seigneur, après avoir quitté votre palais, demeurez-vous dans une hôtellerie, comme un homme vulgaire ? Notre maison est à votre disposition, venez-y.

Suivant l’ordre de sa maîtresse, la servante prit des parfums et des fleurs, et s’étant rendue auprès de Sounanda, le chef des marchands, elle lui parla comme sa maîtresse le lui avait prescrit.

Sounanda répondit : — Jeune fille, retire-toi ; j’attache ces fleurs, je me sers de ces parfums, et je vais chez Zangmo.

La servante retourna près de sa maîtresse et lui raconta ce qui s’était passé dans son entrevue avec Sounanda.

  1. Le kârchâpana équivalant, à peu près, à un sou de notre monnaie, il s’ensuit que le prix de l’hospitalité de Zangmo était de 25 à 30 francs par jour.